Lemer Pax voyage au centre de la terre

Lemer Pax vient d’effectuer la dernière livraison d’un château bas bruit de fond composé, d’une compilation d’une dimension exceptionnelle, de 100 tonnes de matériaux ultra-pur destinée à l’audacieux projet américano-canadien SuperCDMS SNOLAB* dont Fermilab, premier laboratoire national américain en physique des particules et en recherche sur les accélérateurs, fournit une partie majeure de la technologie et de l’expertise. Cette ultime rotation, entre l’Europe et le nouveau monde, met fin à un chantier colossal qui a vu Lemer Pax se doter d’une nouvelle salle blanche dédiée exclusivement à cette extraordinaire entreprise humaine celle de la recherche et de la compréhension de la matière noire.

 

Le plongeon dans la mine

Après s’être fait confier l’ingénierie de conception du château, ayant mobilisé pas moins d’une quinzaine d’ingénieurs et physiciens, pendant une année d’études, Lemer Pax a enclenché la phase construction en mode atmosphère contrôlée. Brique après brique la tour a pris forme pour se donner des atours rappelant l’environnement de l’aérospatial.

Dans la nouvelle salle blanche, implantée au cœur des ateliers Lemer Pax, Sébastien et François, habillés de la tête aux pieds, charlotte, blouse gants et chaussures spécifiques, dans une atmosphère filtrée et confinée, concentration particulaire oblige, se sont affairés pendant 3 mois pour assembler les briques du château sous le regard curieux des participants au projet.
Pour autant, en dépit des ressemblances, nous ne sommes pas dans une salle blanche chez Arianespace.

Snolab-Lemer Pax

Point d’orbite, encore moins d’apesanteur pour cet espèce de satellite immobile. Il ne verra jamais la belle courbure de la planète bleue car il plongera plutôt au centre de la terre, à la recherche des particules élémentaires.

Étonnante destinée pour cette structure composée d’un blindage multicouche, de matériaux ultra-purs étudiée et née chez Lemer Pax, dans des conditions de propreté drastiques, pour ensuite plonger au fond de la mine de Sudbury, près de Toronto, et intégrer le projet SuperCDMS SNOLAB*. Là, les équipes de scientifiques à l’abri des rayonnements célestes, sous deux kilomètres de roche, pourront chasser en toute quiétude ces mystérieuses particules de matière noire ou WIMPs (Weakly Interacting Massive Particles) dont la masse est inférieure à celle du proton et qui sont censés représenter les 4/5 éme de toute la masse de l’Univers. Aussi, pour éviter les radiations parasites l’équipe américano-canadienne a fait le choix d’installer cette expérience dans une mine réhabilitée en laboratoire souterrain ultra propre.

Lemer Pax face à un drastique cahier des charges

Pour ce chantier colossal, digne d’un roman de Jules Verne, Lemer Pax a livré un imposant caisson blindé, dont la fonction est d’isoler le détecteur ultra- sensible ou SNOBOX, comme il est qualifié par les équipes américaines, de la radioactivité naturelle présente sur et sous terre et de divers autres rayonnements provenant de l’espace. En effet, pour ne pas polluer la mesure, les matériaux utilisés pour les blindages ont eux-mêmes une radioactivité naturelle la plus faible possible.

La participation à ce grand projet scientifique a mis en évidence tout le potentiel de recherche de l’entreprise, son adaptation, sa force d’innovation et sa visibilité à l’international.

Comme si cela ne suffisait pas, de l’azote liquide sera utilisé pour immerger le cœur des détecteurs composant la SNOBOX à une température, à seulement quelques millièmes du zéro absolu (-273°), imposant à Lemer Pax un très exigeant cahier des charges.
La compilation de 100 tonnes de matériaux ultra-purs, a été assemblée puis démontée et transportée dans des contraintes environnementales exceptionnelles. Il a fallu aux équipes de Lemer Pax une bonne dose d’agilité et de performance pour accomplir, en un temps relativement court, une mission qui a mis à contribution les bureaux d’études des équipes franco-américaines et a impacté l’organisation proprement dite et notamment les flux d’une bonne partie de l’entreprise.

Cet assemblage multicouche de matériaux ultra-purs dont la fonction, dans cette aventure d’exploration scientifique, est totalement primordiale, est composé d’un blindage neutron en polyéthylène, d’un blindage gamma de plus de 4200 briques de plomb et d’une barrière radon, en aluminium, le tout reposant sur une base polyéthylène cerclée d’une ceinture sismique.

Snolab-Lemer Pax

Dans ce dossier, hors norme, Lemer Pax a donc transformé une bonne partie de ses ateliers, avec l’intégration de cette salle blanche de 120 m2, d’une hauteur de 6 m, à l’atmosphère renouvelée, avec comptage particulaire pour quantifier et garantir la traçabilité du niveau de poussière, dotée d’un pont roulant de 1,6t et posée sur une épaisse dalle de béton, spécialement coulée, destinée à réceptionner le château bas bruit de fond.

Tout cela réalisé en moins d’une année en respectant les conditions de propreté et d’emballage sous 3 couches plastique thermo-soudés et pour chacune des pièces exigées par le client lors du transport au long cours. Au final les 6 conteneurs ont rejoint les rives du Saint-Laurent avec, à la réception, les félicitations des équipes américaines.
La participation à ce grand projet scientifique a mis en évidence tout le potentiel de recherche de l’entreprise, son adaptation sa force d’innovation et sa visibilité à l’international.

*SuperCDMS : Super Cryogenic Dark Matter Search. Dans l’expérience SuperCDMS SNOLAB, la recherche sera effectuée à l’aide de cristaux de silicium et de germanium. Pour mesurer les secousses atomiques, ces détecteurs doivent être refroidis à une fraction de degré au-dessus de la température zéro absolu. Ces conditions ultra froides ont donné son nom à l’expérience : SuperCDMS. Le préfixe Super indique une sensibilité accrue par rapport aux versions précédentes de l’expérience.