4 questions à Nicolas Dufourcq, Directeur général de Bpifrance
Deux ans après sa création, Bpifrance confirme son rôle d’outil public au service du financement et du développement des entreprises. En partenariat avec les Régions et les acteurs privés, industriels, banques et investisseurs, Bpifrance est un opérateur important en appui des politiques conduites par l’État dans les domaines de l’innovation, du développement, de l’internationalisation et de la transmission d’entreprises. Présent physiquement dans toutes les régions au travers de ses 42 implantations, Bpifrance a financé et accompagné 86 000 TPE, PME et ETI à hauteur de 14 milliards d’euros en crédit et capital et presque 8 Md€ de prêts garantis en 2014.
La montée en puissance du crédit à l’export pour les dossiers de 1 à 50 millions d’euros est engagée. L’objectif est de démocratiser cet outil indispensable au développement des PME et ETI. Comment faire une place plus grande aux PME dans ce que vous appelez « la proue avancée de l’économie française » et en faire les champions de demain ?
Nicolas Dufourcq : La réforme du dispositif public de soutien à l’export donne aujourd’hui une place importante de financeur à Bpifrance aux côtés de ses partenaires tels que Business France et la Coface. Ainsi, le nouveau Crédit Export décliné en crédits acheteurs et fournisseurs, pour une clientèle de PME et d’ETI, comble une véritable faille de marché. Cet outil indispensable au développement du chiffre d’affaires des PME à l’export était jusqu’à présent réservé aux grands comptes par les grands réseaux bancaires. Entre 2004 et 2014 le nombre de crédits acheteurs de moins de 20 M€ a été divisé par 10, handicapant les ventes françaises de biens d’équipement ou de prestations de services à l’international ! Grâce à son réseau commercial, Bpifrance part activement à la rencontre des exportateurs potentiels qui peuvent désormais, comme leurs concurrents, apporter à leurs acheteurs étrangers une offre de financement en complément de leur offre commerciale.
En quoi les territoires sont-ils les partenaires indispensables à la détection et à l’émergence de PME capables d’aller se frotter à la commande mondiale ?
Nicolas Dufourcq : Le commerce extérieur français reste déficitaire en 2014, malgré le recul du prix de l’énergie. Sur les 121 000 entreprises exportatrices recensées en 2014, les 1 000 premières réalisent, à elles seules, 70 % du chiffre d’affaires à l’export. Il est clair que le sursaut viendra des PME et ETI implantées en région, trop souvent absentes des marchés étrangers, malgré une offre de grande qualité. Les Régions se sont engagées dans cette bataille via la mise en place de plans régionaux d’internationalisation des entreprises (PRIE). Bpifrance y apporte tout son soutien, aux côtés de l’État, des organismes publics locaux et des conseillers du commerce extérieur de la France, qu’il s’agisse de sensibiliser les chefs d’entreprise, de les accompagner et bien entendu de les financer. En 2014, les prêts à l’export proposés par nos équipes dans les territoires ont progressé de manière exponentielle, passant de 111 M€ à 404 M€ ! Cette offre vient de s’enrichir d’un produit de mobilisation de créances nées à l’étranger et du crédit export. Plus que jamais en 2015, l’export demeure une priorité pour Bpifrance.
Nous vous citons : « Tout ce que nous faisons, nous le co-faisons ». Comment s’articule, avec Business France, cet accompagnement à l’international ?
Nicolas Dufourcq : Par principe, Bpifrance n’agit jamais seul, mais toujours en partenariat. Le label Bpifrance Export a permis, en plus d’un élargissement de l’offre de crédit, l’intégration au sein de nos directions régionales de 40 chargés d’affaires internationaux Business France et de 20 chargés d’affaires Coface. En outre, nos chargés d’affaires ont été formés et sont en capacité de proposer des produits Coface ou des services Business France. Cette « fertilisation croisée » permet de rendre accessible en région l’ensemble de la chaîne d’accompagnement à l’international, de la prospection des marchés aux financements des ventes et à l’implantation locale.
Lemer Pax fait partie de la communauté Bpifrance Excellence ; en quoi est-ce un atout ?
Nicolas Dufourcq : Bpifrance Excellence regroupe 2000 de nos clients, parmi ceux dont les perspectives de croissance ont semblé les plus prometteuses à nos chargés d’affaires et à nos chargés d’investissements. En être membre est un atout, car ce réseau permet de bénéficier d’un accompagnement de haute qualité, avec une offre axée autour de formations spécifiques et de mise en réseau (site collaboratif permettant les échanges entre pairs, les retours d’expériences, la recherche de partenaires, ateliers, soirées networking et réunions régionales). En raison de sa répartition sur l’ensemble du territoire métropolitain, cette communauté est la meilleure ambassadrice de tous les entrepreneurs de croissance. Elle leur permet d’être davantage vus et entendus, et de sortir de la solitude les chefs d’entreprise qui bénéficient ainsi d’une connexion avec 2 000 pairs d’exception.