
3 questions à … Olivier Bard, Délégué Général du GIFEN
Fort de son expérience dans l’industrie nucléaire française, Olivier Bard, Délégué Général du GIFEN, a particulièrement pour mission de renforcer la performance opérationnelle de la filière, ses compétences et ses capacités industrielles pour soutenir son développement, en France et à l’international.
Olivier Bard a exercé différentes fonctions au sein du Groupe EDF durant plus de 25 ans. Il a notamment été chef de service à la centrale de Paluel, directeur de cabinet du Directeur Exécutif en charge de la production et de l’ingénierie, Directeur Général adjoint de la joint-venture chinoise TNPJVC propriétaire-exploitante des 2 EPR de Taishan, puis en charge de l’offre française pour un programme nucléaire en Afrique du Sud.
De 2017 à 2022, il a piloté l’élaboration du dossier de proposition remis au Gouvernement par EDF et la filière nucléaire, pour la construction de nouveaux réacteurs en France. Olivier Bard est diplômé de Centrale-Supélec, il est aussi titulaire du Global Executive MBA de l’INSEAD.
L’industrie nucléaire se réinvente et se remet en capacité. Comment le GIFEN s’engage dans le renouveau de la Supply Chain pour renforcer la performance opérationnelle de la filière et sa capacité industrielle ?
Les français l’admettent, sondages d’opinion à l’appui, le nucléaire fait partie des solutions d’avenir. Le politique réaffirme également son attachement au nucléaire. Il nous faut donc construire ce renouveau du nucléaire, à la fois une réelle opportunité pour la ré-industrialisation du pays et une nécessité économique.

Le GIFEN a été créé dans ce contexte de relance, il s’en affirme comme le creuset industriel, fort de ses 600 membres, des exploitants nucléaires aux ETI et PME. Fédérer les acteurs dans leurs actions et leurs interactions a toujours été dans l’ADN de notre groupement. Depuis 2022 le GIFEN anime le programme MATCH qui permet de vérifier l’adéquation entre besoins industriels et humains et ressources, de sorte que les acteurs puissent s’organiser en matière de moyens industriels, en compétences, en gouvernance. Cela contribue à renforcer la planification des projets et le jalonnement des étapes : par exemple, le génie civil arrive avant les systèmes de ventilation.
MATCH a mis en évidence la nécessité d’une augmentation globale du volume de travail de l’ordre de 25%. Associé à MATCH nous avons collectivement dressé la cartographie des forces et faiblesses de la filière. A l’issue un plan de progrès a été mis en œuvre, basé sur 3 piliers :
- Pilier 1 : la performance opérationnelle visant à l’excellence. Les axes concernent la culture de sûreté, la gestion de projet interentreprise, la digitalisation (standards, outils communs). Au sein de ce pilier, le GIFEN anime le Programme d’Excellence Opérationnel de la filière Nucléaire.
- Pilier 2 : la mobilisation et le renouvellement des ressources humaines et moyens industriels. Des actions sont menées en faveur de l’emploi, de la formation et de l’attractivité mais également concernant les capacités industrielles à développer pour assurer la souveraineté industrielle du pays.
- Pilier 3 : contribution à la robustesse de la filière : il s’agit d’un impératif de long terme, tous les acteurs doivent devenir plus forts, notamment économiquement . Ceci passe par une juste répartition de la valeur, et de l’attention portée aux critères de BFR, de marge, de cash.
Le GIFEN est, par nature, un acteur d’influence non directif. Il s’agit de mutualiser, d’inciter les meilleurs à partager, de faire connaître les bonnes pratiques, de créer de la cohérence.
En parallèle du programme de renouveau, il ne faut pas négliger la base existante, avec ses besoins propres en matière d’entretien et de prolongation. C’est l’activité socle, récurrente, qui contribue à accélérer la remobilisation…
Le défi est immense et passionnant : Prolongation des installations actuelles, construction de nouveaux réacteurs, développement de réacteurs innovants, sourcing du fuel, gestion des déchets, production décarbonée d’hydrogène, projets à l’international, tous ces chantiers sont à mener de front.
Quels sont les atouts de la filière française et quelles difficultés va-t-elle rencontrer pour soutenir son développement et répondre au besoin toujours croissant de sécurité énergétique au meilleur coût ?
Pour relever le défi de cette remobilisation notre modèle se distingue par sa très grande expertise. On s’ancre dans une histoire et dans l’héritage de cette histoire. Notre structure industrielle est parfaitement cohérente et compatible avec l’objectif et le projet que nous avons devant nous. Nous maîtrisons la technologie nucléaire : on sait d’où l’on vient et où l’on va. La société nous dit aujourd’hui « on a besoin de vous ». C’est fondamental et très motivant. Trois conditions sont nécessaires, et elles sont réunies pour apporter une réponse performante :
- La demande doit répondre à un besoin,
- l’ensemble des acteurs concernés et la grande majorité de la société doivent être convaincus de la pertinence de la réponse
- et enfin nous avons un devoir de performance. C’est le cœur de l’action du GIFEN. Il faut faire plus vite, de façon plus efficiente, mieux planifier, s’améliorer de façon continue, prendre en compte ses échecs (traiter les écarts), comme disent nos amis japonais « se mettre au service du système ».
J’ajoute que le besoin de décarbonation et la défense de souveraineté nous obligent. Aujourd’hui c’est un challenge partagé par l’ensemble de la nation qu’il s’agit de relever pleinement. Le GIFEN agit par catalyse, de façon participative et collaborative.
Cette année, du 4 au 6 novembre, Paris accueille la vitrine du nucléaire civil mondial, le WNE (World Nuclear Exhibition). Le succès de ce salon ne se dément pas et pour la première fois, le WNE ouvre ses portes au monde de la santé avec un focus sur la Médecine Nucléaire. De nombreuses start-ups françaises et étrangères du secteur seront présentes. Pourquoi cette initiative ?
Réunir l’ensemble de l’industrie nucléaire mondiale en France lors du WNE, tous les deux ans, et en faire un évènement à résonnance internationale a toujours été l’objectif du WNE dont le GIFEN est propriétaire. Ce rendez-vous est devenu incontournable pour les professionnels français et étrangers. D’ailleurs 40% des exposants sont étrangers et c’est tant mieux. Cette année le salon devrait connaître une croissance de 20 % et abordera les grandes tendances de l’industrie nucléaire : le déploiement de nouveaux projets, la formation et le développement des compétences, ainsi que l’innovation et les start-ups. Pour la première fois, l’édition 2025 du WNE va accueillir une exposition intitulée « BEE (Beyond Electricity Expo) », qui mettra en avant les applications des technologies nucléaires dans des secteurs tels que la médecine, l’agriculture et la propulsion spatiale.
Si nous ouvrons nos portes cette année aux usages non électrogènes, c’est pour mettre l’accent notamment sur la grande dynamique du nucléaire médical, secteur dans lequel la France à de très bons atouts. La production d’isotopes médicaux essentiels au traitement du cancer est un domaine en plein expansion. Des collaborations internationales se dessinent pour optimiser les infrastructures nucléaires existantes et produire des isotopes médicaux vitaux. Nous comptons bien avec le WNE avoir un effet entrainant sur ce secteur en plein développement. Pour pérenniser cette initiative, nous allons créer, au sein du GIFEN, une section médicale avec déjà des entreprises identifiées comme Orano Med, le CEA, Framatome et Lemer Pax.
Pour en savoir plus, retrouvez-nous à la prochaine édition du congrès WNE (4-6 novembre, Paris Villepinte) sur le pavillon France !
Nos équipes vous attendent pour vous présenter l’ensemble de nos solutions de radioprotection pour l’univers de l’Industrie et la Médecine Nucléaire adaptées à vos besoins.