
Réduction de l’exposition professionnelle lors des examens PET-CT à l’aide d’un système d’injection automatisé
KATE VAN ELTEREN[1], IAN HUFTON[1], DANIEL CARVALHO[1]
BNMS (British Nuclear Medicine Society) Spring 2024– Belfast (Irlande du Nord) – 13-15 Mai 2024
[1] Royal Liverpool Hospital, Mt Vernon Street, Liverpool, L7 8YE
Les doses de rayonnement professionnelles reçues par le personnel en charge des examens PET-CT sont généralement parmi les plus élevées reçues par le personnel médical travaillant en radiologie (e.g., Skovorodko et al., 2020).
Les raisons sont les suivantes :
- l’utilisation d’un émetteur de positons comme agent d’imagerie diagnostique (principalement le 18F au Royal Liverpool University Hospital (RLUH)),
- les photons d’annihilation à haute énergie qui en résultent (dont il est difficile de se protéger efficacement),
- le nombre important de patients au cours d’une journée de travail (au RLUH, environ 20 patients/jour)
- et le fait que beaucoup de ces patients peuvent avoir des besoins de soins accrus (par rapport à la médecine nucléaire classique) en raison de l’association de plusieurs conditions généralement plus exigeantes sur le plan clinique.
L’injection de patients et la préparation des doses individuelles pour injection à partir de flacons multidoses contribuent de manière significative à la dose professionnelle globale du personnel réalisant les examens PET (ces deux activités contribuent à elles seules à plus de 40 % de la dose annuelle au corps entier (CE), 30 % étant attribués à l’injection, selon Peet et al., 2012).
Tout en présentant d’autres avantages – tels que l’atténuation de l’erreur humaine lors des étapes de préparation – les systèmes d’injection automatisés tels que le Posijet® (Lemer Pax) permettent de réduire les sources d’exposition professionnelle de plusieurs manières :
- En minimisant le contact de l’opérateur avec les flacons en isolant la solution mère au sein d’un environnement blindé et en diluant/préparant de manière automatique au sein l’unité.
- En supprimant la nécessité de manipuler des seringues grâce à l’utilisation de kits d’administration, connectant directement l’unité au patient.
- En fournissant une protection supplémentaire aux opérateurs injectant les patients.
- En réduisant les risques de piqûre d’aiguille et de déversement présents lors des étapes manuelles de préparation et d’injection.
METHODE :
Pour démontrer les avantages proposés du système Posijet® (acquis en 2022 par le RLUH pour le personnel réalisant les examens de PET-CT) en ce qui concerne l’exposition professionnelle, un audit des doses professionnelles du personnel (Landauer ; corps entier, doigt et œil) a été effectué avant et après l’utilisation de l’unité par les membres de l’équipe de physique médicale.
47 mois de données dosimétriques ont été collectés avant l’utilisation clinique du Posijet® et 13 mois après. Les données relatives aux bagues et aux dosimètres ont été rassemblées pour deux membres du personnel réalisant des examens PET-CT (ainsi que les données du dosimètre cristallin pour un des membres du personnel) qui avaient travaillé de manière continue dans le service pendant les deux périodes, sans congé prolongé, et avec des horaires de travail similaires.
RESULTATS :
Les résultats de l’audit sont résumés dans le tableau et représentés dans les graphiques. Pour faciliter l’interprétation, les résultats des dosimètres sont présentés sous la forme d’une moyenne mensuelle, les graphiques montrant la moyenne pour une année donnée sous la forme d’une série chronologique, avec une moyenne globale pré-Posijet pour aider à la compréhension.
Pour donner une idée de la dispersion, les erreurs type de la moyenne (SEM) sont fournies pour la moyenne annuelle de chaque participant et des tests t ont été calculés pour évaluer la signification (niveau de signification fixé à p < 0,05). Un facteur de correction pour tenir compte du nombre de patients a également été appliqué aux moyennes annuelles compilées.
GRAPHIQUES : Doses professionnelles mensuelles moyennes pour les deux manipulateurs en électroradiologie médicale travaillant en service continu dans le service PET-CT pour chaque année durant laquelle des données ont été collectées. Une forte réduction de la dose extrémité et une légère réduction de la dose cristallin ont été observées, sans changement définitif pour la dose corps entier.
Pour les manipulateurs en électroradiologie médicale participants, dont nous avons analysé les données d’exposition, nous avons observé :
- une réduction globale moyenne de la dose extrémité de plus de 100 % (117 % à gauche, 85 % à droite ; erreur type de la moyenne (SEM) 7 % – 25 %, test t p < 0,001)
- une différence de 9 % dans la dose cristallin (erreur type de la moyenne (SEM) 12 % – 21 %, t-test p > 0,1)
- pas de changement clair dans la dose au corps entier (<1% ; erreur type de la moyenne (SEM) 6% – 17%, t-test p > 0.1).
L’avantage du Posijet® en ce qui concerne l’exposition des extrémités est clair ; il y a un contraste frappant entre les résultats des dosimètres d’extrémité (bague) avant et après l’utilisation clinique du système. Ceci est en accord, par exemple, avec Covens et al. (2010), qui ont trouvé une réduction de 95 % des doses aux extrémités.
Participant | Réduction de dose corps entier (%) | Réduction de dose extrémité gauche (%) | Réduction de dose extrémité droite (%) | Réduction de dose cristallin (%) |
Manipulateur 1 | 1.7 [46,9] | 146.3 [43,9] | 85.2 [42,8] | |
Manipulateur 2 | -1.6 [44,9] | 90.1 [43,11] | 84.7 [43,11] | 8.5 [20,9] |
TOTAL | 0.1 | 116.7 | 84.9 | 8.5 |
DISCUSSION :
Depuis son utilisation clinique, nous avons constaté que le Posijet® a fait une grande différence dans les doses aux extrémités reçues par les membres du personnel réalisant les examens PET-CT, en réduisant la nécessité de manipuler et d’injecter des sources radioactives non scellées. En outre, la réduction du recours à la manipulation d’objets radioactifs tranchants diminue le risque de blessure par piqûre d’aiguille, où la limite de dose cutanée professionnelle annuelle de 500 mSv selon l’Ionising Radiations Regulations (IRR) peut être facilement dépassée avec le 18F, le principal isotope d’imagerie TEP utilisé au RLUH (selon les calculs locaux de Varskin+).
Bien que nous n’ayons pas trouvé de preuves de réduction de la dose corps entier du personnel, ni de preuves solides d’une réduction de la dose au cristallin, nous sommes limités par le nombre de participants ; en outre, l’injection n’est pas le seul facteur important contribuant à la dose corps entier. Covens et al. (2010) ont rapporté une réduction de 20 % de la dose corps entier avec leur système, attribuant cette réduction comparativement modeste au fait que le positionnement du patient avait une contribution ~4x plus élevée à la dose corps entier du personnel par rapport à l’injection (un peu plus faible que la contribution estimée par Peet et al., 2012).
Néanmoins, les résultats de cette étude ont motivé un audit plus large des doses reçues par le personnel réalisant les examens PET-CT à l’aide d’un dosimètre EPD afin de suivre et d’associer la dose accumulée lors des activités professionnelles pour éclairer les pratiques, ainsi qu’un nouvel audit des dosimètres du personnel au cours de l’année civile suivante pour fournir des données supplémentaires.
Bien que le potentiel de réduction des doses du Posijet® ait été démontré ici pour le personnel du RLUH et qu’il ait très bien fonctionné de manière générale en ce qui concerne les exigences du service, il y a un certain nombre de considérations à prendre en compte lorsqu’il est envisagé d’acquérir un tel système :
- Les besoins en formation, c’est-à-dire la compréhension de l’utilisation du système, le dépannage
- Les exigences en matière d’Assurance Qualité/de maintenance, c’est-à-dire l’activimètre intégré, la connectivité du système, les kits d’injection
- La fréquence des procédures d’injection multidose par rapport aux procédures d’injection unique
- Les frais généraux, c’est-à-dire le kit de flacons d’injecteurs (un par flacon) et les kits individuels pour les patients (un par patient
- Le nombre de patients au cours d’une année civile donnée
- La sensibilité au temps entre les procédures, c’est-à-dire que le démarrage initial du système au RLUH prend 20 à 30 minutes pour un manipulateur expérimenté, et le changement de flacon prend entre 15 et 20 minutes
- L’adéquation des autres dispositifs d’EPI disponibles, par exemple les préparateurs de doses automatisés sur paillasse, les protège-flacons/protège-seringues.
Les auteurs déclarent qu’il n’y a pas de conflit d’intérêts en rapport avec cette présentation.
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