68Ga, de nouvelles avancées Theranostiques
Les JFMN, qui se dérouleront du 24 au 26 mai prochain à Lille, sont l’occasion de plusieurs sessions scientifiques (modalité d’équipement, oncologie, radiopharmacie…) autour des nouvelles perspectives ouvertes par l’utilisation du 68Ga. L’occasion pour nous de vous proposer une petite introduction sur ce radioélément à la base de nouveaux traceurs : ses applications, son approvisionnement et surtout les équipements de radioprotection qu’il requiert.
Le 68Ga ouvre la porte vers un meilleure prise en charge des patients
Ces dernières années, les avancées techniques et pharmaceutiques ont permis de profondes améliorations dans la prise en charge de nombreux cancers tant sur le plan diagnostique que thérapeutique et l’utilisation du 68Ga en fait partie.
Dans les cas de tumeurs neuroendocrines (TNE), ce sont des radiopharmaceutiques analogues à la somatostatine comme le DOTATOC et DOTATATE marqués au 68Ga qui sont employés lors des examens diagnostiques. Selon les Dr ABGRAL Ronan et Pr LE ROUX Pierre-Yves (CHU Brest), « L’imagerie fonctionnelle occupe une place majeure dans la caractérisation tumorale des TNE (tumeurs neuroendocrines). Les évolutions récentes en radiopharmacie ont rendu possible le ciblage des SSTR (récepteur à la somatostatine) en imagerie TEP, en couplant des peptides analogues de la somatostatine (DOTATOC disponible en France) à du 68Ga, isotope émetteur de positrons β+. Le traceur 68Ga-DOTATOC a ainsi pour avantage d’avoir une meilleure affinité que l’Octréoscan® en TEMP/TDM pour le ciblage des SSTR. Leur utilisation en technologie TEP offre par ailleurs un gain en sensibilité de détection, en résolution spatiale, en temps d’acquisition et en quantification du signal. La demi-vie relativement courte du 68Ga (67,8 minutes) par rapport à celle du 111In (2,8 jours) apporte également un avantage en terme de dosimétrie.
Le développement de cette technique est une réelle innovation en imagerie fonctionnelle et va à l’avenir inexorablement conduire au remplacement des indications d’examens TEMP/TDM à l’ 111In-pentétréotide par des TEP/TDM au 68Ga-DOTA-peptides pour le diagnostic, la stadification tumorale et la prise de décision thérapeutique des TNE G1 et G2 (bas grade et grade intermédiaire) » . (source : CHU DE BREST )
Par ailleurs, d’autres applications du 68Ga sont en cours de développement et à l’étude avec des résultats très prometteurs comme par exemple l’examen PSMA TEP-TDM marqué au 68Ga.
Combiné à un ligand ou antagoniste de l’antigène PSMA, l’examen TEP-TDM /68Ga-PSMA permettrait – selon de nombreuses études et publications – des progrès considérables dans la prise en charge des cancers prostatiques métastasés. Néanmoins ce radiopharmaceutique ne dispose pas encore d’AMM (autorisation de mise sur le marché).
Concrètement, l’examen 68Ga-PSMA PET/CT (diverses variantes du PSMA sont en cours de développement) permettrait de réaliser un diagnostic plus fiable et précis des cancers de la prostate et de leur récidive précoce là où les examens standards ne le permettaient pas toujours.
Ainsi, « les premiers travaux sur la TEP/TDM au 68Ga-PSMA-11 ont établi que cet examen permettait de détecter la tumeur primitive dans plus de 90 % des cas… Plusieurs études rétrospectives ont exploré l’impact potentiel de la TEP/TDM au 68Ga-PSMA-11 sur les modalités de la radiothérapie dans le cancer prostatique ». Il a été observé que « dans 47 % des cas, la TEP/TDM était positive alors que l’examen standard était négatif. Les résultats de la TEP/TDM ont changé la prise en charge des patients dans 54 % des cas, dont 46 % par modification du protocole de radiothérapie. » (source : Talbot JN, Balogova S, Huchet V, Nataf V, Kerrou K, Ohnona J, Gauthé M, Jorgov L, GauraSchmidt V,CassouMounat T, Montravers F. Une innovation dans l’imagerie du cancer de la prostate : la tomographie par émission de positons.Innov Ther Oncol 2016 ; 2 : 11-22. doi 10.1684/ito.2016.0023) .
De nombreux autres traceurs marqués au 68Ga sont en développement avancés comme outils diagnostiques ainsi que pour la sélection des patients, et très souvent associés à leurs analogues de thérapie marqués au lutétium-177 dans le cadre d’approches appelées théranostiques.
Une pénurie mondiale des générateurs Ge68/Ga68
Le 68Ga à l’avantage d’être disponible dans tous les services de médecine nucléaire faisant l’acquisition d’un générateur de 68Ge/68Ga. La production du 68Ga et les marquages se font sur place au sein du service. Cependant, se pose aujourd’hui la problématique de l’approvisionnement de générateurs avec un délai d’attente de plusieurs mois. De nombreux services en France sont en attente de réception de leur générateur afin de débuter leur activité.
« En effet, aujourd’hui la capacité de production en générateurs serait de 1,000 à 1,200 générateurs par an (par 2 principaux producteurs) dont 70% de la production est exclusivement attribuée aux USA par contrats annuels. Or le besoin annuel à terme serait évalué à plus de 40 000 générateurs pour la totalité du globe.
Dans de nombreux pays, une solution alternative est actuellement étudiée pour pallier à ce problème de production de générateur sous la forme de génération de 68Ga par voie cyclotronique. Ainsi, les premiers essais ont montré que le rendement peut atteindre plus de 2Ci soit 74GBq pour un cyclotron utilisant la méthode de production avec une cible solide et plus de 200mCi soit 7400 MBq pour un cyclotron basé sur des cibles liquides similaires à celles des cyclotrons producteurs de Fluor-18, alors qu’un générateur Ge68/Ga68 classique peut fournir un maximum de 50mCi soit 1850MBq quand il est neuf ». (Source : MEDraysintell)
Des équipements de radioprotection spécifiques
Enfin, la manipulation du 68Ga requiert des équipements de radioprotection particuliers adaptés à ses propriétés physiques :
- Emissions majoritaires de positrons à 88% avec énergie maximum de 1899 keV
- 12% de capture électronique
- Emissions gamma à 3.5% avec une énergie de 1.08 MeV
- Demi-vie de 67.7 min
En conséquence, pour garantir une radioprotection adéquate des opérateurs, les équipements de synthèse et de prélèvement des doses patients doivent fournir une protection équivalente plomb de 40 à 60mm (selon l’activité manipulée). Ceci implique un matériel très lourd avec un encombrement non négligeable et expose les services à une réflexion complexe autour des contraintes et limites des charges au sol des locaux de radiopharmacie avec la nécessité potentielle de travaux d’aménagement.
Ainsi, afin de proposer aux professionnels des équipements de pointe adaptés à leurs pratiques et à leurs locaux, les équipes R&D Lemer Pax et Medisystem a développé une gamme d’enceintes dédiée à l’utilisation du 68Ga. L’une d’entre elles, l’enceinte MEDI 9000 RECHERCHE a gagné aujourd’hui la confiance de nombreux services de médecine nucléaire dont le CHLS à Lyon ainsi que l’Institut Bergonie de Bordeaux.
Cette enceinte permet à la fois la production du 68Ga sans contrainte puisqu’elle peut accueillir sans restriction tous les générateurs du marché, mais également la mise en seringue automatique des doses patient, en offrant ainsi une optimisation de la radioprotection corps entier et extrémités.
Lemer Pax et Medisystem profitent de cette 4ème édition des JFMN pour vous présenter cette enceinte en réalité virtuelle, une réponse innovante pour l’utilisation de routine de 68Ga, dont vous pourrez tester les fonctionnalités.